[CamerExcellence] – La Banque Africaine d’Import-Export (Afreximbank) a déposé ses valises à Yaoundé. La capitale camerounaise accueillera son siège pour l’Afrique centrale. En attendant la construction de son immeuble siège, ses bureaux sont situés dans l’immeuble de la CNPS à Yaoundé.
Afreximbank a profité de cette occasion pour tenir le 23 septembre 2021 une rencontre à l’hôtel Hilton de Yaoundé afin de présenter ses programmes, produits et services au milieu des affaires et au gouvernement. L’objectif affiché étant de faire connaître l’étendue des offres de la Banque aux entreprises et institutions de la sous-région.
CamerExcellence a profité de cette circonstance pour demander quelles sont les opportunités qu’offre Afreximbank aux entrepreneurs et entreprises du secteur du numérique de l’Afrique centrale. Et qui de mieux que le Camerounais Dr Hippolyte Fofack, Économiste en chef d’Afreximbank, pour répondre à ces questions.
Le Camerounais qui est par ailleurs le Directeur de la Recherche et de la Coopération internationale d’Afreximbank indique que le secteur du numérique est une priorité pour la banque.
En rappel, le Dr. Hippolyte Fofack est titulaire d’un diplôme supérieur en économie et finance internationales de l’Université de Bordeaux, en France, et d’un doctorat en statistiques mathématiques de l’American University de Washington, États-Unis.
Il a plus de 20 ans d’expérience dans le domaine de l’économie et de la finance. Avant de rejoindre la Banque africaine d’export-import, il a travaillé pendant plus de 18 ans pour le Groupe de la Banque mondiale à Washington DC, notamment en tant qu’économiste pays principal et chef du programme Macroéconomie et croissance. Interview.
CamerExcellence : Comment Afreximbank qui a installé son bureau Afrique centrale le 23 septembre 2021, à Yaoundé entend-elle accompagner et financer les entreprises du numérique qui investissent dans les infrastructures numériques et les communications électroniques en Afrique centrale ?
Dr Hippolyte Fofack : Pendant des années, nous avons à travers The training infrastructure accompagné la création des routes, des chemins de fer, le transport aérien, l’électricité et les ports. C’était la priorité durant les deux dernières décennies qu’on appelait le « Trade Enabling Infrastructure ».
Avec la transition vers le digital, on se rend compte que la nature des infrastructures est en train de changer de priorité au profit de l’environnement digital et technologique. Nous avons lancé notre Pan-African Payment and Settlement System (PAPSS). Nous sommes déjà en train d’occuper cet espace du digital et nous ferons davantage pour forger l’intégration du continent.
Sur ce champ spécifique, les opérateurs ont créé des cloisonnements dans la téléphonie pour augmenter les coûts des transactions. Il faut qu’avec une coordination continentale l’on établisse des interfaces et pourquoi pas que l’on évolue vers un système digital intégré. Nous allons accroître nos financements dans ce domaine.
CamerExcellence : Le Camerounais qui veut appeler au Gabon voit la minute d’appel à 500 ou 600 francs Cfa. Ce tarif élevé décourage beaucoup. Pourtant, l’on sait que les télécommunications et les communications électroniques sont un accélérateur de l’intégration régionale. Les opérateurs de téléphonie mobile qui pratiquent ces prix élevés vous disent par exemple qu’ils ont investi de milliards de francs Cfa et qu’ils ne peuvent pas baisser aussi facilement les tarifs. Afreximbank dispose-t-elle des mécanismes pour accompagner les investissements en infrastructures numériques de ces opérateurs télécoms et ainsi participer à la baisse des tarifs de roaming en Afrique centrale ?
CamerExcellence : Les opérateurs télécoms doivent comprendre que ce que l’on peut perdre en gains à court terme, on le gagnera sur les économies d’échelle. Imaginez un scénario où vous êtes au Cameroun et vous voulez faire un appel auprès du même opérateur qui se retrouve à la fois au Congo Brazzaville et au Cameroun. L’appel doit remonter en Europe avant de revenir en Afrique.
Pourtant, l’opérateur en question a la possibilité de dire « Non, cet appel doit se faire localement ». Le consommateur gagnerait énormément. Pour moi, c’est le premier ordre urgent à résoudre. La création de cet interface pour réduire les coûts des appels. Si l’on finance les infrastructures sans gérer cette problématique, on ne fera pas avancer les choses.
CamerExcellence : Afin de répondre à la problématique de risque perçu à faire des affaires en Afrique avec des Africains, Afreximbank a officiellement lancé en novembre 2020 Mansa. Une plateforme numérique panafricaine de due diligence, de contrôle et de connaissance des clients destinés aux institutions financières, aux entreprises et aux PME. Un an après son lancement officiel, quel est son bilan ?
Dr Hippolyte Fofack : C’est une bonne question. Mansa est réél aujourd’hui. Nous avons des centaines des banques qui l’utilisent. La plateforme est vivante et largement utilisée. C’est une centrale d’informations sur les clients, les banques, les PME. Un client sollicitant un prêt, qui a été KYC (Know your customer, Ndlr) par une banque C et qui va vers une banque B solliciter un autre prêt, la banque B n’aura plus besoin de faire un autre KWC du client, parce que tout est centralisé.
Nous réduisons donc les coûts. Et même les coûts des transactions. Et plus important, nous renforçons la confiance des investisseurs en Afrique. Donc, Mansa est extrêmement important. Au dernier décompte il y a quelques temps, nous étions à 20 000 clients déjà. Pour nous, c’est important, mais ce n’est pas suffisant. On peut en avoir beaucoup plus.
CamerExcellence : Nous sommes en Afrique centrale. Afreximbank vient d’ouvrir ses portes à Yaoundé au Cameroun. Que doivent attendre les entreprises du secteur du numérique de votre implémentation physique en Afrique centrale ?
Dr Hippolyte Fofack : Nous sommes ici à Yaoundé exactement pour renforcer cette proximité entre la banque et les jeunes africains et particulièrement les entrepreneurs du secteur du numérique de la région Cémac et du Cameroun en particulier. Nous avons mis sur pied le « Fund for Export Development in Africa », en abrégé FEDA.
Ce fond est notre réponse à cette problématique des jeunes entrepreneurs du numérique qui ont de brillantes idées et ne peuvent pas les mettre en œuvre parce qu’ils ont cette contrainte de financement.
Le FEDA permet à Afreximbank de prendre des participations dans des start-up. C’est une sorte de Venture Capital de manière à ce que si vous avez une bonne idée qui peut changer la face de ce continent, qu’on ne dise pas demain que cette idée était très belle, très bonne, mais qu’elle morte faute de financement. Cela ne devrait plus se dire. La banque a lancé ce fond et y a immédiatement mis 100 millions de dollars. A terme, nous allons rallonger ce fonds à un milliard de dollars.
CamerExcellence : Comment les jeunes entrepreneurs du numérique peuvent-ils bénéficier de ce fonds ?
Dr Hippolyte Fofack : Des brochures et informations concernant ce fonds sont disponibles sur le site web d’Afreximbank. Feda a été lancé il y a deux ans. Mais, il finance son tout premier projet en septembre 2021 dans le secteur du digital, avec le soutien d’un projet de Strive Masiyiwa.
C’est le 06 septembre 2021 que la Banque africaine d’Import-Export (Afreximbank) a annoncé une participation minoritaire du Fonds pour le développement des exportations en Afrique (FEDA) dans Liquid Intelligent Technologies (Liquid), un groupe panafricain de technologie des télécommunications.
Il s’agissait du premier investissement réalisé par le FEDA, une filiale d’Afreximbank privilégiant l’impact sur le développement et qui fournit des financements en fonds propres et quasi-fonds propres à des entreprises développant le commerce et l’exportation de biens et services à valeur ajoutée en Afrique.
Propos recueillis par Beaugas Orain DJOYUM
À propos d’Afreximbank
La Banque africaine d’Import-Export (Afreximbank) est une institution financière multilatérale panafricaine dédiée au financement et à la promotion du commerce intra et extra-africain. Afreximbank déploie des structures innovantes pour fournir des solutions de financement qui facilitent la transformation de la structure du commerce africain et accélèrent l’industrialisation et le commerce intrarégional, soutenant ainsi l’expansion économique en Afrique.
Depuis sa création, la Banque a œuvré pour le soutien aux pays africains en temps de crise. À travers le Dispositif d’atténuation de l’impact de la pandémie sur le commerce (PATIMFA) lancé en avril 2020, Afreximbank a décaissé plus de 6,5 milliards de dollars US en 2020 afin d’aider les pays membres à amortir les effets négatifs des chocs financiers, économiques et sanitaires causés par la pandémie de COVID-19.
Fervent défenseur de l’Accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), Afreximbank a développé un système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS) qui a été adopté par l’Union africaine (UA) comme la plateforme de paiement et de règlement devant appuyer la mise en œuvre de la ZLECAf.
Afreximbank collabore avec l’UA et le Secrétariat de la ZLECAf en vue de mettre en place une Facilité d’ajustement visant à aider les pays à participer efficacement à la ZLECAf.
À la fin de 2020, le total des actifs et des garanties de la Banque s’élevait à 21,5 milliards de dollars US et les fonds de ses actionnaires s’établissaient à 3,4 milliards de dollars US.
Afreximbank a décaissé plus de 42 milliards de dollars US entre 2016 et 2020. La Banque est notée A- par GCR International Scale, Baa1 par Moody’s et BBB- par Fitch. Afreximbank a son siège social au Caire, en Égypte.
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