Il est l’un des mathématiciens les plus célèbres au monde. Abdon Atangana spécialiste des Mathématiques appliquées rêve d’une Afrique qui domine les Sciences.
C’était le 19 juin dernier à Paris. Le Camerounais de 37 ans devenait le premier Prix international Unesco-AI Fozan pour la promotion des jeunes scientifiques en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques.
Il s’agit d’un prix biennal créé par l’Unesco en 2021, en partenariat avec la Fondation Al-Fozan d’Arabie Saoudite. Un Prix qui selon son récipiendaire “prouve sans l’ombre d’un doute que les Africains peuvent rester en Afrique, travailler dur, avancer et développer leur continent sans plus d’aide de l’Occident”.
Les revues scientifiques sont unanimes sur une chose : le professeur à la Free State University de Bloemfontein, en Afrique du Sud a apporté d’importantes contributions au domaine des mathématiques, en particulier dans les domaines du calcul fractionnaire, des équations différentielles fractionnaires et de la modélisation mathématique.
Sa théorie permettrait de résoudre des problèmes tels que la propagation de maladies infectieuses, les problèmes de transfert de chaleur, l’écoulement des eaux souterraines et la contamination ou les conditions météorologiques.
Des distinctions reconnaissant sa grandeur de mathématicien, le natif d’Elig-Mfomo, une commune de la région du Centre du Cameroun, commence déjà à s’y habituer. En 2019, il est classé 2e meilleur mathématicien au monde dans le Top 2% des scientifiques du monde par l’université Stanford.
Il est le premier mathématicien à obtenir le Prix TWAS Mohammad A. Hamdan décerné par l’Académie mondiale des sciences qui récompense un travail mathématique exceptionnel effectué par un scientifique travaillant et vivant en Afrique ou dans la région arabe.
Atangana qui a fait une partie de ses études au Cameroun, était en 2017 le mathématicien le plus cité au monde à travers ses travaux scientifiques.
En 2019 et 2020 il figure dans la liste mondiale des 1% des meilleurs scientifiques de Clarivate Web of Science. Et la liste des reconnaissances est loin d’être exhaustive.
Pour l’un des auteurs du Atangana–Baleanu fractional derivates, l’une des dérivées fractionnaire les plus utilisées en Mathématiques, ces Prix et distinctions sont la preuve qu’”on peut avoir un impact où qu’on soit”.
“Je resterai en Afrique, je mettrai beaucoup d’efforts pour dégager le chemin et, avec l’aide de Dieu, je construirai une base solide pour la génération à venir” a-t-il indiqué à la BBC.
Pour mieux cerner ses propos, il faut d’abord comprendre que le professeur de mathématiques appliquées Abdon Atangana mène sans relâche un combat bien plus profond : il souhaite décoloniser les mathématiques.
Il dit travailler dur et croit au fait qu’un jour “les enfants africains liront des livres et des articles où des mathématiciens africains ont introduit plusieurs formules mathématiques, qui peuvent être utilisées principalement pour résoudre des problèmes en Afrique”.
Marié à la Chimiste Enestine Atangana et père de deux garçons, il pense qu’il est nécessaire de revoir la manière dont les matières scientifiques sont enseignée aux jeunes Africains.
“L’une des plus grandes faiblesses est la manière dont les mathématiques sont enseignées au lycée, l’accent n’est pas mis sur les applications, mais des formules sont présentées qui sont parfois très difficiles à comprendre, ce qui décourage généralement les plus jeunes de faire carrière dans les mathématiques”, déplore-t-il.
Il ajoute “un footballeur, un musicien, pour n’en nommer que quelques-uns sont des modèles dans plusieurs pays africains. En effet, je ne suis pas contre cela, mais il faut comprendre que les mathématiques sont l’épine dorsale de toute science, technologie et ingénierie.”
Il estime que les gouvernements africains devraient faire plus d’efforts dans la promotion des STEM (Science, technologie, éducation et mathématiques) s’ils veulent vraiment changer l’avenir du continent. Et cela signifie “fournir un soutien financier sérieux, facilitant les choses pour les chercheurs”.
Par Valorien Noubissi, Journaliste
Source : BBC Afrique
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