De Bandjoun à Paris, le pinceau de Barthélémy Toguo à la conquête du monde

De Bandjoun à Paris, le pinceau de Barthélémy Toguo à la conquête du monde

31 Juil 2017 | ARTS | 0 commentaires

Barthélémy Toguo, né en 1967 au Cameroun, vit et travaille aujourd’hui entre Paris et Bandjoun au Cameroun. Il commence ses études à l’école des beaux-arts d’Abidjan en Côte d’Ivoire. Son apprentissage artistique débute avec la réalisation de copies des sculptures classiques européennes, jusqu’à ce que sa participation à un atelier de sculpture du bois en 1992 lui permette de modifier radicalement son travail. Il décide alors de poursuivre ses études en France, afin de connaître un autre type d’enseignement, et d’être plus libre dans ses recherches personnelles. Il suit les cours de l’école supérieure d’art de Grenoble et s’inscrit ensuite dans l’atelier de Klaus Rinke à la Kunstakademie de Düsseldorf.

C’est à Grenoble que Barthélémy Toguo découvre la photo et la vidéo, avant de connaître le « réalisme allemand » à Düsseldorf. Il s’intéresse ensuite à la performance. Dès 1996, il entreprend la série des Transit. Ces performances ont toujours lieu dans des aéroports, gares, ou autres lieux de passage. C’est ainsi que l’artiste se présente à l’embarquement de son vol à l’aéroport Roissy-Charles De Gaulle, muni d’une cartouchière… remplie de carambars. Ou bien, récupérant ses bagages en provenance d’Afrique, il se fait interpeller par la douane à cause de ses valises en bois plein. Habillé en éboueur, il prend place en première classe du Thalys Cologne-Paris. Incommodant les voyageurs, cette tenue pousse le contrôleur à le menacer de lui faire quitter le train.

C’est de cette manière que l’humour, ainsi qu’une certaine forme de provocation, prennent place dans l’œuvre de Barthélémy Toguo. Cette provocation se retrouve dans la performance Pure & Clean, réalisée à White Box (New York) en février 2001 : l’artiste lave à la main deux drapeaux des États-Unis, avant de les mettre à sécher sur un fil. Cette action trouve son origine dans la place des États-Unis sur la scène internationale, que l’artiste juge arrogante : peine de mort, refus de ratifier le protocole de Kyoto sur le rejet des gaz à effet de serre…

L’artiste commence à utiliser l’aquarelle en 1998 ; ce travail, naissant de ses multiples voyages et expériences, crée ainsi une sorte de journal de bord, de carnet de voyage. Il en réalise plusieurs séries : Baptism, une célébration du corps humain, montrée pour la première fois au Kunstmuseum de Düsseldorf en 1999, ou plus récemment Dream Catchers (2002-2003). Il exécute également des séries de dessins : Festival of GrapesDas Bett (1995) qui s’inspire de la vie quotidienne de l’artiste, reprenant objets ou êtres vivants.

En 1997, la municipalité de Grenoble lui offre le bois d’acacias malades destinés à être abattus. Il décide alors de passer deux semaines aux côtés de ces arbres, afin de savoir ce qu’ils « voient ». Il rencontre alors les travestis qui envahissent le parc à la nuit tombée. Il finit par sculpter dans le bois de ces arbres des chaussures à très hauts talons, faisant référence aux tenues des travestis : Folies nocturnes.

Le travail de Barthélémy Toguo possède aussi une dimension politique. Il s’intéresse aux flux, de marchandises mais aussi d’êtres humains, ainsi qu’à ceux qui régulent ces flux. Sa série de sculptures en bois de tampons géants, The New World Climax, portant des inscriptions telles que « carte de séjour » ou « the world of citizens », fait référence aux individus qui apposent, ou non, le coup de tampon salvateur sur un passeport. Avec l’installation Mamadou Airlines, l’artiste présente une piste de décollage encombrée sur laquelle les avions s’engluent. Il s’agit ici de montrer que l’Occident reçoit volontiers les ressources naturelles du tiers-monde, mais beaucoup moins les hommes qui en viennent.

Barthélémy Toguo s’intéresse également à la présence de l’art en Afrique, et en particulier au Cameroun. En effet, son pays d’origine ne comptait ni musée ni école d’art, avant que l’artiste ne décide de créer en 1999 l’Institute of Visual Arts à Bandjoun. Ce lieu en construction, consacré à l’art dans toutes ses disciplines, permettra les expositions, les rencontres, les workshops, ou encore les résidences d’artistes.

Récemment, l’artiste s’est tourné vers le domaine du théâtre et de la mise en scène de l’espace. À la biennale de Lyon en 2000, il présente Unfinished Theater, mêlant sculptures en bois, inscriptions, photographies et vidéo. Cette installation apparaît comme une mise en scène de ses expériences et voyages récents.

Au Palais de Tokyo, site de création contemporaine, en 2004, il construit plusieurs scènes théâtrales, sous le titre générique The Sick Opera.

Pour Barthélémy Toguo, nous sommes tous des acteurs, chacun jouant un rôle préétabli dans la société, ses installations n’étant qu’un reflet de la vie, son travail étant la vie.

Par Daria Joubert

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